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Rédaction

Les héros peuvent-ils trouver le bonheur?

Heidi MacDonald (« Why Andreyko’s Batwoman run starts with issue # 25 », September 09, 2013, www.thebeat.com) questionnait l’annulation du mariage de Batwoman par l’équipe éditioriale de DC : « Meanwhile, it seems that marriage itself has been banned from the DCU, given DiDio’s “heroes can’t be happy” dictate. »

Nous pouvons comprendre le point de vue. Nous avons souvent évoqués notre admiration des romans noirs de James Ellroy et ceux-ci finissent rarement très bien. On dit que les gens heureux sont sans histoires? Peut-être est-il nécessaire que le drame soit tapis dans l’ombre du héros pour créer un effet scénaristique? Nous revenons à ce que nous avons souvent énoncés, l’auteur doit doser ses effet, il ne faut pas tomber dans le syndrome de la Petite Sirène (pas la version de Disney, naturellement).

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Prendre le temps de revenir sur nos pas

Il y a quelque chose que nous avons toujours trouvé agaçant à la lecture des comicbook, le besoin des auteurs de toujours prendre une page ou deux pour résumer les derniers événements. Pour nos premières expériences de lecture, nous sommes tombés au milieu d’aventures dont les ramifications remontaient quelques numéros auparavant. Nous nous sommes fait à cette situation. Cependant, plus récemment, nous avons lu cette entrevue de Mark Waid qui déclarait : « Every once in a while, you’ll get some criticism from a fan who goes, “Yeah, yeah. I know all about Mega Crime. Stop beating a dead horse.” And I’m thinking, “Look, it’s awesome you’ve been keeping up with the book, but have some mercy or compassion for somebody who might be picking it up for the very first time. » (Oliver Sava, Mark Waid on his personal digital-comics revolution», July 10, 2012, http://www.avclub.com)

Cette phrase a été comme une révélation et nous avons accepté d’intégrer un résumé précisant les ramifications antérieures du récit que nous développions actuellement. La question était : quelle forme prendre? Nous ne souhaitions pas nécessairement un simple résumé. En discutant avec l’un de nos collaborateurs, il nous a rappelé l’importance de notre ligne du temps et c’est cette dernière que nous avons voulu exploiter. Elle permettait d’intégrer quatre dimensions : un court résumé, quelques dessins clés et le moment des événements et préciser.

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Trouver des paradigmes, dépasser ses concepts

Darren analyse un album rétrospectif d’Iron Man portant sur la période d’Archie Goodwin, comme auteur du titre. Nous avons accroché à cette phrase : « He (Archie Goodwin) actively works to find a paradigm that will work for Stark. » (Darren, « Archie Goodwin’s (& George Tuska’s) Run on The Invincible Iron Man – The Invincible Iron Man Omnibus, Vol. 2 (Review/Retrospective)», April 25, 2013, http://them0vieblog.com)

Darren identifie de nombreuses innovations que Goodwin a introduites dans l’univers d’Iron Man, mais du même souffle, il démontre que Goodwin n’a pas exploité tout le potentiel de ses idées. Plusieurs ont été reprises par d’autres auteurs avec plus d’amplitude. Il introduisait de nouveaux concepts sans chercher à les exploiter jusqu’au bout ou avec toute la charge dramatique que ceux-ci auraient pu mériter. Nous considérons que cet analyse vaut pour de nombreux comicbooks actuels, les auteurs ont plein d’idées, de concepts; mais un paradigme, un univers cohérent avec le personnage et les interactions avec son environnement, nous ne le voyons pas souvent. Le Daredevil de Mark Waid offre selon nous, cette idée de paradigme, on dépasse le concept pour focaliser sur l’essence du personnage.

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Discipline de travail

Dans une entrevue, Mark Waid confessait qu’il n’avait ni discipline de travail ni rythme. Ainsi, certaines journées pouvaient être consacrées à la rédaction alors que d’autres pouvaient l’être à la recherche sur Internet. Pour notre part, nous préférons faire preuve d’une plus grande discipline, d’un rythme plus régulier. Deux contraintes nous « forcent » à écrire : d’abord, et naturellement, nos propres dates butoirs et ensuite l’identification de lieux où pourraient se dérouler l’action. Par exemple, en voyant ces photos, cela nous a donné l’idée de l’aventure intitulé « Partir en vrille ». En plus de nous inciter à écrire, ces deux contraintes nous aident beaucoup à mettre en scène l’histoire que nous envisageons.

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Forme, Féminité et Nudité

Périodiquement, on retrouve des réflexions qui se demande si les personnages féminins des comicbooks ne sont pas trop sexy (Gentlemanlybatman, « EDITORIAL: Are Women Just There To Be Sexy? », www.comicbookmovie, september 22, 2013) ou carrément (et inutilement) surdimensionnée (Leigh Hart, « Boobs in Comics», http://www.comicbookdaily.com, April 5, 2013). Pour notre part, nous laissons nos collaborateurs dessiner les personnages comme ils les entrevoient. Il nous arrive de donner des directives pour accentuer la nudité des personnages. Nous considérons que cet érotisme soft est plus naturel. Par ailleurs, nous ne souhaitons pas nous rendre jusqu’à du « full frontal » ou des scènes de sexualité explicite, comme certaines émissions de télé nous en préviennent.

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L’art de la critique

Plonger et écrire soi-même, c’est être inconscient ou croire que nous pouvons offrir une voix distinctive à des lecteurs. En ce sens, nous avons porté un jugement sur le travail des autres auteurs. Nous l’avons évoqué avec notre liste de dogmes.

À cet effet, nous avons lu l’analyse d’Anthony Falcone qui se plaignait que : « I’ve been reading a lot of comic book reviews while prepping this article and while I won’t provide any links (I’m not trying to call out specific writers here), I will say that the majority of them are mostly story summaries with brief discussion on the art. If the review is positive there will be some sort of acknowledgement of the artist’s skill, but if the review is negative the art will be briefly dismissed with an amusing quip. At times an artist will receive a negative comment on the neutrality of their work; it is functional, satisfactory, or pedestrian. ». *Anthony Falcone, «Accentuate the positive, eliminate the negative?», October 10, 2013, http://www.comicbookdaily.com)

Aussi, l’environnement Internet ne favorise pas un dialogue constructif alors que trop souvent les commentaires négatifs et incendiaires sont prisés. Nous apprécions quelques critiques qui ont du souffle, qui ne vont pas limiter leurs propos uniquement à l’objet qu’il critique mais qui pourront remettre en contexte l’œuvre,  l’auteur ou le genre ou bien parce qu’il adopte un point de vue unique que l’on ne retrouve pas ou peu ailleurs. À cet effet, nous pouvons citer l’équipe d’A.V. Club pour la télévision, certains rédacteurs de Badass Digest pour le cinéma, Christine Duffee pour l’œuvre de Daredevil, Darren encore une fois pour le cinéma (ou le comicbook) et Sylvain Lavallée également pour ce même médium.

Jusqu’où pousser nos dialogues

Nous avons lu cette critique d’un des titres écrits par Jonathan Hickman rédigé par Corey Schroeder :

« I’ve said it of Hickman before, but the man does not stop for a second to explain or even elucidate in some cases what his characters are talking about or doing, which can make his books extraordinarily difficult to follow at times. Certainly the broad strokes of what’s going on are crystal clear, but the details, and the devils within, are harder to track and follow. Expository dialog can be the thing that brings a book down, but it can also elevate it by letting the audience in on what’s going on, and what’s been going on, and there’s certainly a balance to be struck between too much and none. » (http://www.comicvine.com/new-avengers/4050-55330/forums/new-avengers-8-1480934/)

Nous l’avons déjà dit, pour toutes sortes de raisons, nous sommes des partisans des dialogues minimalistes où les personnages ne passent pas tout leur temps à expliquer leur état d’âme ou à résumer les derniers événements. Ainsi, pour éviter ce type de situation, nous préférons ralentir le rythme de nos aventures pour que les personnages débattent des enjeux de leurs choix et non pas précipiter les choses pour, a posteriori, expliquer ce qui s’est passé.
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L’ampleur de l’univers

Nous sommes tombés sur cette entrevue de Mark Waid où il évoque l’univers de Daredevil, il indique : « In some ways he was a poor man’s Spider-Man in that they were trying to emulate the same sort of soap opera, but the problem that you have with Matt Murdock was that first off, the supporting cast was much smaller. Spidey had a huge supporting cast, and Matt had Foggy and his secretary Karen and that’s it. » («Mark Waid: A Banner Year Part One», December 18, 2012, http://www.comic-con.org/toucan/mark-waid-banner-year-part-one)

 Cet univers plus restreint peut limiter le potentiel dramatique en figeant la dynamique entre les personnages. Nous croyons qu’une bonne partie des lecteurs peuvent absorber un univers plus riche, plusieurs séries télé sont composées d’une diversité de personnages, on peut penser au Seigneur des Anneaux, etc. Pour notre part, l’outil de recherche sur notre site web lesapatrides.com est composé de plus de 40 personnages pour les rôles principaux et secondaires, ce qui nous offre la  latitude évoquée précédemment.

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La subtilité a-t-elle sa place dans les comicbooks? Partie II

Nous traitions récemment de la subtilité dans le domaine du comicbook, et nous semblions plaider pour un traitement qui soit moins cliché. Entre-temps, nous sommes tombés sur cette analyse de Chris Sims et il fait plaidoyer en faveur d’une approche moins subtile (www.alliancecomics.com) :

“The entire medium was pretty much launched when there was a guy with super-powers that made him a super-man whose name was “Superman,” and that’s about the level we’ve been working with ever since. Even Watchmen, the book that’s been held up as the high point of maturity for the genre for the past 35 years, is only slightly less subtle than a brick to the head. It’s more like a brick to the head that’s been wrapped in a pillow, I guess. […]

But that doesn’t mean that it’s bad. There are a lot of great comics, some of the best comics, that have completely dispensed with subtlety in favor of going straight for their point. My favorite comics creator in history — a pretty inarguable contender for the greatest of all time — is Jack Kirby, a guy who created villains named “Baron Von Evilstein” and “Annihilus,” and that’s just scratching the surface of how unvarnished he made his metaphors. His greatest comics, the saga in which he created some of his most emotionally affecting stories, was built around a group of good guys fighting a bad guy who represented the dark side of human nature, whose name was Darkseid.” (Chris Sims, «Ask Chris #176: SUBTLETY!!!!!», December 27, 2013 http://comicsalliance.com.)

Plus loin, Sims considère que la subtilité est un outil dans le coffre de l’auteur et non une nécessité absolue.

Les pièges de la répétition

Dans un contexte où pratiquement tout à déjà été écrit ou fait du point de vue culturel, ce qui est davantage le cas de comicbook alors que les Spider-man, Superman, Batman et cie ont déjà eu des centaines d’aventures qu’ils leur ont été consacrées, de réussir à produire une œuvre complètement originale devient un défi de tous les instants. Nous avons lu une entrevue de Mark Waid et nous en dégageons ce passage :

« I was hesitant at first because it seemed like such a dark way to go. And I also didn’t want to do the 800th “Oh he has cancer in a superhero book! What will the superhero do? Surely there’s a way to fix it! Oh wait, you can’t beat cancer.” I don’t want to do that kind of story. You know, the story where Daredevil walks around the Marvel Universe for an issue trying to get people to cure cancer for him and being told, “We can go to the Negative Zone, Daredevil, but we can’t cure cancer.” So that’s the first trap you have to avoid when doing that kind of story. And second, it’s so dark a circumstance, and I like Foggy. » («Mark Waid Talks Daredevil, Hulk, Everything», March 27, 2013, http://ca.ign.com/articles/2013/03/27/mark-waid-talks-daredevil-hulk-everything)

Il resterait donc toujours des angles inédits à exploiter.

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