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Frank Miller

La collaboration entre l’écrivain et son dessinateur

Nous avons déjà parlé de la complémentarité entre les mots et le dessin, mais ces échanges peuvent être encore plus profonds. Prenons, par exemple, la collaboration entre Frank Miller et David Mazzucchelli dans la série Daredevil au cours des années 1980. Nadel indique « Daredevil as his life is dismantled by his nemesis, The Kingpin. He loses faith in himself and the world, then regains it. Miller conceived the story and then he and Mazzucchelli collaborated very closely, as described by the artist in his unexpectedly candid and moving introduction:  “his is why we chose not to separate the credits into writer and artist; because although technically I did no scripting and Frank did no drawing, I was contributing ideas for plot, characterization, and storytelling (such as the succession of title pages charting Matt’s descent), while Frank was describing the contents of each panel in his scripts.” » (« Some Thoughts on David Mazzucchelli’s Daredevil: Born Again Artist’s Edition », Dan Nadel, www.tcj.com, 27 août 2012).

Ainsi, notre collègue, Michel Lamontagne, nous a lancé une idée : écrire une aventure, mais du point de vue des méchants. Nous avons trouvé le concept très intéressant et avons élaboré une aventure dans ce sens : « Blitzkrieg ». Cette aventure permettait de mettre un visage sur des personnages, souvent anonymes, et de voir les répercussions humaines des assauts du Black Orchestra.

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Quel ton adopter

Corey Schroeder nous rappelle que : « Fast-forward to the 90s and you’ve got a new kind of Batman. Watchmen and The Dark Knight Returns have reinvented superheroes as real people with real flaws in the midst of stories that treat the audience’s intellect with maturity. » (« Are Superhero Comics Too Serious », www.comicvine.com, 14 septembre 2011). Chris Sims va plus loin que ce premier constat : « The imitators learned the wrong lessons, and instead of creating stories that treated their subject matter with intelligence and craft, which is a difficult matter requiring a great deal of skill, the knock-offs tried to recapture the things that were easy, like cussin’ and violence. They were exactly the same kind of escapist power fantasy that they were pretending to rise above, just wrapped up in cheap, meaningless exploitation and sold to the audience as something that wasn’t for little kids — which in itself is the most immature, teenage motivation something can possibly have. » (« What’s up With the 90s? », www.comicsalliance.com, 27 juillet 2012).

Cette analyse peut expliquer que certains se demandent si les aventures de superhéros n’étaient pas devenues trop violentes (« Sex & Violence », www.comicbookdaily.com, 9 décembre 2011). À notre avis, ce n’est pas la violence le problème. À cette époque, les aventures de Daredevil, de Frank Miller, avaient des représentations graphiques très violentes, mais cadraient très bien avec les ambiances recherchées. Notre principal reproche serait l’absence de recul face à cette violence. Si nous prenons la série télé 24, Jack Bauer avait le don de toujours torturer les criminels; nous n’avons pas de souvenir d’un innocent qui y ait été torturé. Nous avons davantage de malaise face à ce type de situation que la torture elle-même.

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Bande dessinée et film – l’interconnexion des deux formes d’art

Anthony Falcone avait une belle formule pour dire que la bande dessinée est un divertissement peu dispendieux à produire : « and comics are sort of book movie » (Why Like Comic Books », www.comicbookdaily.com, 31 janvier 2012). En effet, la bande dessinée n’est pas entravée par des contraintes budgétaires, qui pourraient limiter le nombre de personnages ou de lieux. De plus, l’auteur peut employer tous les effets spéciaux, même les plus extravagants, sans que cela ne lui coûte le prix fort. Il suffit de se rappeler que Rodriguez disait que la bande dessinée Sin City de Frank Miller avait été plus qu’une source d’inspiration, il s’agissait du story-board autour duquel le film du même nom avait été développé.

Maintenant que les films de superhéros ont le haut du pavé, ils ne semblent pas s’inspirer uniquement des personnages, mais aussi des styles narratifs. J. Calab Mazzocco, dans sa critique de The Dark Knight Rises, indiquait : « Intentionally or not, The Dark Knight Rises also seemed to mimic one aspect of reading superhero comics, serial storytelling. I occasionally found myself wondering how all the callbacks to the previous films might sit with someone who never saw those, or only saw one of them but not the other. » (« ComicsAlliance Staff Reactions to The Dark Knigth Rises », www.comicsalliance.com, 23 juillet 2012).

Écriture et opinion politique (Partie II)

Voici les propos d’un analyste suite aux déclarations de Frank Miller qui indiquait : « I always separate the artist from the art; if I distanced myself from one of my heroes just because they said something I don’t agree with, I would barely have any heroes at all. It just bothers me to see Miller thumbing his nose rather abrasively at the Occupy Wall Street protesters instead of offering up any constructive criticism or intelligent insights. » (« Frank Miller Rages Against The Occupy Wall Street Movement », www.geeksofdoom.com, 17 novembre 2011).

Comme pour clore la discussion que nous avions amorcée précédemment, nous laissons James Ellroy formuler ce commentaire : « Les Américains se contrefoutent de l’opinion politique de leurs écrivains » (« Le temps des moutons », extrait de Petite mécanique de James Ellroy, les éditions de L’œil d’or). Une attitude qui devrait être partagée par davantage de gens quelle que soit leur nationalité.

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Écriture et opinion politique (Partie I)

La sortie du dernier Batman (The Dark Knight Rises) a déclenché une vive polémique médiatique sur les intentions politiques de Christopher Nolan. Son Batman défendait-il des valeurs conservatrices? L’hystérie fut à son comble lorsque l’on fit une association entre le nom du méchant, Bane, et le nom de la société qu’avait fondée Mitt Romney (Baine Capital). Chuck Dixon, le cocréateur de Bane a dû faire une annonce publique pour réaffirmer sa foi conservatrice (Jozef Siroka, « Batman ne porterait pas le carré rouge », www.lapresse.ca, 24 juillet 2012).

Cette sortie en rappelait une autre, celle de Frank Miller qui avait dénoncé le mouvement Occupy dans des propos très durs. Une prise de position qui lui a été reprochée (Brent Chittenden, « Oh Frank Miller …Creators and Politics », www.comicbookdaily.com, 17 novembre 2011. « Watchmen Writer Alan Moore Set to Occupy Comics After Spat With Frank Miller », www.geeksofdoom, December 6th, 2011). Pourtant, comme le souligne Sara Lima, V for Vendetta demeure une excellente bande dessinée même si Alan Moore y revendique l’anarchie comme la meilleure forme de gouvernement (« Do Politics in Comics Alienate Readers? », www.comicvine.com, 6 octobre 2011).

Pour notre part, nous considérons qu’une œuvre artistique ne devrait jamais être écrasée par une métaphore politique ou sociale, ses personnages deviennent désincarnés et ont comme unique rôle d’être les porte-paroles de l’auteur. Si l’auteur veut passer un message politique ou social fort, autant écrire un essai.

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