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Auteurs

Les qualités d’un auteur

Matt Goldberg tire cette conclusion de l’expérience, presque traumatisante, de Fincher à la réalisation de Alien 3 : « The lesson from Alien 3 was that “it’s always going to be your fault“ so why not take full credit whether people go for it or not? » « The Film of David Fincher : SE7EN », collider.com, September 23, 2014).

Ceci devient presqu’un slogan pour l’autoproduction (le do it yourself)), mais nous croyons qu’il faut avoir des prédisposions pour emprunter une telle direction. À ce sujet, nous tombions sur une analyse du travail de Chris Claremont sur X-Men (Chris Sims, « Ask Chris # 186 : The Strange Rise of the X-Men », www.comicsalliance.com, March 7, 2014) et une entrevue de Rick Remender (David Dissanayake, « Rick Remender on Creator Owned Work, Creative Process & More (Part 1) », comicbook.com, September 22, 2014) Les deux articles portent sur bien des choses, mais elles pointent sur les qualités d’un auteur. Remender parle de passion et de qualité. La notion de qualité peut être subjective alors que la passion peut avoir différentes implications. C’est que Chris Sims en évoquant le travail de Claremont parle d’investissement et de dévouement. Bref, il faut être prêt à consacrer du temps à notre projet, car de toute façon personne ne le fera à notre place.

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Les personnages sont les moteurs des comicbooks

Récemment, nous tombions sur cette analyse d’Ed Campbell qui soulignait que les grands éditeurs de comicbook (Marvel ou DC) n’arrivaient à créer autant de personnages ces dernières années que  lors des décennies précédentes.

« But does creator’s rights make the comic book industry stale?  Or does it only affect the “big 2″ comic publishers, while smaller publications thrive?

If you look at Marvel and DC over the past decade, there haven’t been too many new characters come out for the comics.  There were some characters who were “re-imagined” when DC launched the New 52.  But on the most part there haven’t been any characters to really jump off the page and become household names.  Even Marvel has introduced some new characters like Ghost Rider, Nova and Ms. Marvel.  But they are just older characters with new characters portraying these long-time Marvel personas. » (« Creator’s Rights = Stale Creativity », www.comicbookdaily.com, June 20, 2014).

Preuve de cette stagnation dans le développement de personnages, on peut penser à Mark Gruenwald qui a conçu des dizaines de personnages, certains marquants, durant son passage sur Captain America. On ne sent  pas une veine créative aussi foisonnante aujourd’hui. Ces nouveaux personnages permettent au héros d’être confronté à de nouvelles expériences, de nouveaux adversaires qui diversifient le plaisir de lecture pour le fan.

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Trouver des paradigmes, dépasser ses concepts

Darren analyse un album rétrospectif d’Iron Man portant sur la période d’Archie Goodwin, comme auteur du titre. Nous avons accroché à cette phrase : « He (Archie Goodwin) actively works to find a paradigm that will work for Stark. » (Darren, « Archie Goodwin’s (& George Tuska’s) Run on The Invincible Iron Man – The Invincible Iron Man Omnibus, Vol. 2 (Review/Retrospective)», April 25, 2013, http://them0vieblog.com)

Darren identifie de nombreuses innovations que Goodwin a introduites dans l’univers d’Iron Man, mais du même souffle, il démontre que Goodwin n’a pas exploité tout le potentiel de ses idées. Plusieurs ont été reprises par d’autres auteurs avec plus d’amplitude. Il introduisait de nouveaux concepts sans chercher à les exploiter jusqu’au bout ou avec toute la charge dramatique que ceux-ci auraient pu mériter. Nous considérons que cet analyse vaut pour de nombreux comicbooks actuels, les auteurs ont plein d’idées, de concepts; mais un paradigme, un univers cohérent avec le personnage et les interactions avec son environnement, nous ne le voyons pas souvent. Le Daredevil de Mark Waid offre selon nous, cette idée de paradigme, on dépasse le concept pour focaliser sur l’essence du personnage.

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Les bandes dessinées américaines dans les années 1970

Beaucoup de gens portent un jugement sévère sur les auteurs américains des années 1970. Alain Moore était l’un des plus farouches critiques du début des années 1980 (Alan Moore’s Lost Stan Lee Essay, 1983, partie 2 de 2). Pour notre part, nous considérons le Silver Age de la bande dessinée comme une période où les différents éléments sont bien dosés. En effet, les dialogues n’étaient pas surabondamment explicatifs, les encadrés descriptifs offraient un autre niveau de lecture aux histoires et on n’avait pas sombré dans l’hyperpsychologisation des personnages. Voici une page du numéro 200 des Fantastic Four écrit par Marv Wolfman où l’on retrouve l’équilibre dont nous parlons.

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Les idées flottent dans l’air – Partie II

Une discussion a eu lieu sur le Web concernant les « emprunts » d’Alan Moore pour une aventure de Superman qui s’inspirerait de la série Superfolks  développée par Grant Morrison. Dans cette analyse, l’auteur avance l’idée qu’inconsciemment Alan Moore y aurait puisé les idées qui l’auraient marqué plusieurs années auparavant (« Alan Moore and Superfolks Part 2: The Case for the Defence », comcisbeat.com, 11 novembre 2012). Dans notre récit « Les meilleurs amis du monde », Benson commente le décès à venir de son père. Ce n’est que plusieurs mois après l’avoir écrit que nous nous sommes rappelé l’inspiration de cet échange. Il provient d’une nouvelle du recueil de Daniel Poliquin, Le Canon des Gobelins.

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Réflexion sur les vilains

Chris Sims dans l’un de ses commentaires (« Arcade and Why Success Doesn’t Make Vilain Credible », www.comicsalliance.com, 22 juin 2012) considère que le vilain est là pour faire obstacle au héros et, comme le héros doit triompher, les meilleurs vilains sont ceux qui déploient les obstacles les plus intéressants. Sara Lima offre un point des plus nuancé : elle considère que ce sont plutôt les interactions entre le héros et le vilain qui sont à prendre en considération (« What Makes a Good Comic Book Rivaltry? », www.comicvine.com, 5 avril 2012). Dans son commentaire, elle utilise le mot « Rivaltry (rivalité) ». Nous pensons, effectivement, que ce terme est plus approprié, car il ne prédétermine pas quelle partie doit triompher. Dans ce jeu de rivalité, certains personnages peuvent être amoraux. James Ellroy disait : « Le mal, ce sont les êtres sans conscience. Ceux qui sont incapables d’éprouver de la sympathie ou de l’empathie pour les autres êtres humains. » (« Le temps des moutons », extrait de Petite mécanique de James Ellroy, les éditions de L’œil d’or).

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L’avenir de la bande dessinée à l’ère d’Internet – Partie II

Graeme McMillan regrette que l’industrie soit maintenant devenue un marché de niche (« The Beauty of Digital », www.newsarama.com, 11 juillet 2012). Une des raisons qui semble être évoquée par différents intervenants est le prix. Brubaker est nostalgique de l’époque où une bande dessinée se vendait 2,99 $, et il y voit une des raisons du déclin des ventes (CR Sunday Interview: Ed Brubaker, www.comicsreporter.com, 24 juin 2012). Brian K. Vaughan va dans le même sens, et met le premier numéro de sa série Saga, qui contenait 44 pages, en vente à 2,99 $ (David Uzurmeri, « Saga: Brian K. Vaughan and Fiona Staples Bring a Stellar Sci-Fi Comic into World », www.comicsalliance.com, 14 mars 2012). La hausse des prix ne permet pas au consommateur d’acheter autant de numéros avec le budget qu’il peut consacrer à ce loisir (« Marvel’s Axel Alonso Made Me laugh this Morning », www.comicsreporter.com, 6 juillet 2012). Entre les années 2000 et 2010, le prix des bandes dessinées a augmenté de 77 % aux États-Unis (« With Great Power Comes Great Financial Hardship », www.comicboodaily.com, 4 juin 2010). En plus de cette hausse des prix, plusieurs considèrent qu’il y a maintenant de moins en moins de texte dans les aventures et qu’elles se lisent donc de plus en plus rapidement, ce qui fait d’elles un divertissement assez onéreux pour le temps que le lecteur y consacre (« Where Did all the Words Go? », www.comicbookdaliy.com, 21 mai 2010).

La bande dessinée n’est pas uniquement en concurrence avec les autres séries de superhéros ou les mangas, elle l’est également avec les autres formes de divertissements. Dans un contexte où le lecteur a un large choix, il lui est facile de réduire une partie de son budget destiné à l’achat de bandes dessinées (Ed Campbell, « Are You Willing to Make a Cut », www.comicbookdaily.com, 24 mars 2012).

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Écriture et opinion politique (Partie II)

Voici les propos d’un analyste suite aux déclarations de Frank Miller qui indiquait : « I always separate the artist from the art; if I distanced myself from one of my heroes just because they said something I don’t agree with, I would barely have any heroes at all. It just bothers me to see Miller thumbing his nose rather abrasively at the Occupy Wall Street protesters instead of offering up any constructive criticism or intelligent insights. » (« Frank Miller Rages Against The Occupy Wall Street Movement », www.geeksofdoom.com, 17 novembre 2011).

Comme pour clore la discussion que nous avions amorcée précédemment, nous laissons James Ellroy formuler ce commentaire : « Les Américains se contrefoutent de l’opinion politique de leurs écrivains » (« Le temps des moutons », extrait de Petite mécanique de James Ellroy, les éditions de L’œil d’or). Une attitude qui devrait être partagée par davantage de gens quelle que soit leur nationalité.

complement145

La continuité n’empâche pas les transformations des personnages

Dans un commentaire précédent, traitant de la notion de continuité, nous citions un analyste qui souligne que les personnages principaux avaient souvent muté au point d’être méconnaissables. Scott VanderPloeg mentionnait à cet effet : « Batman can be a dark and gritty character, but can also be fun and light » (« What Happened? », www.comicbookdaily.com, 11 janvier 2012). Ce phénomène peut tenir au fait que les tendances sociales de l’époque devaient s’insérer progressivement dans le cours des histoires. Par contre, ce qui est plus déstabilisant, ce sont les brusques revirements de personnalité dus, le plus souvent, à une nouvelle équipe à la rédaction.

À ce sujet, plusieurs dénoncent que la continuité ne réside pas entièrement dans l’aventure en soi, mais dans l’équipe de rédaction. Graeme McMillan soulignait que « Better continuity developing through the line » (« Is Continuity Really a Draw for Superhero Universes? », www.newsarama.com, 26 juillet 2012). Ed Brubaker confia en entrevue qu’il était nostalgique de l’époque où un auteur et un dessinateur pouvaient collaborer sur des dizaines de numéros et ainsi avoir la latitude de développer des univers plus denses. (CR Sunday Interview: Ed Brubaker, www.comicsreporter.com, 24 juin 2012).

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Encore Englehart et toujours Englehart

En analysant les volumes 4 et 5 des Essential Avengers, un critique écrivait : « in the big category, you get to watch the creators – particularly [Steve] Englehart – work out how modern comics were to be written, both the way that events took place in subplots that built to the next major crisis with one or two stories in between them… » (« CR Review: Essential Avengers, Vols. 4-5 », www.comicsreporter.com, 4 juin 2012). À une autre époque, nous avions déjà mentionné notre admiration pour le travail d’Englehart, car nous considérions que les aventures étaient constamment en progression et non pas entravées dans de profondes réflexions psychologiques ou dans des doutes existentiels.

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