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James Bond

Le personnage vit à travers ses choix

John Ostrander discute des enjeux de la rédaction d’un récit et il évoque ce qu’il nomme la première loi de Newton d’une aventure. Nous citons un long passage de son propos :

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« What is important is not what the character says (or anybody else says about them); it’s what they do. It’s what they choose to do. Their choices define them. […] How do we determine what a given character will do in any given situation? It depends on their motivation. It’s not simply what they want; it’s what they need. It’s not just what they desire; it‘s what they lust for. […] We want something that will drive a character to action and that’s not always easy. Newton’s First Law of Motion states that a body at rest will remain at rest unless an outside force acts upon it, and a body in motion at a constant velocity will remain in motion in a straight line unless acted upon by an outside force. That’s true in a narrative as well. Maybe we’ll call it Newton’s first law of plot. » (« John Ostrander’s Writing Class: Newton’s First Law of Plot», http://www.comicmix.com, March 29, 2015).

Cette observation nous conduit à un commentaire de Darren concernant le personnage de James Bond créé par Ian Flemming : « Ian Fleming originally constructed James Bond as a one-dimensional cypher, not too far removed from the original version of Sherlock Holmes who appeared in the works of Sir Arthur Conan Doyle. Characterisation was often inferred by the reader rather than explicitly articulated by the writer. A lot of what made Sean Connery or Roger Moore’s take on the character so fascinating existing as subtext rather than text. » (« Non-Review Review: Spectre », https://them0vieblog.com, October 24, 2015). Ainsi, si Ian Flemming a fait de son héros une ardoise blanche, il n’en demeure pas moins que ses romans ont eu un succès qui peut se justifier par l’idée de mouvement évoquée précédemment.

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On pourrait argumenter que ce type d’option est valable pour les récits d’action. Cependant, nous voyons une autre facette à cette idée de choix, ce que nous avons déjà évoqué : les conséquences. À cet effet, nous pourrions prendre l’analyse que Vikram Murthi fait du personnage de Don Draper : « [Don Draper]’s neither a murderer nor a psychopath, but he also doesn’t share the same motivations and desires with other antiheroes. He’s not on a quest for power or dominance, he doesn’t strive to destroy his enemies, and most importantly, he’s not beyond redemption. While Tony [Soprano] was the devil who lived next door and Walter [White] was the criminal mastermind disguised as your science teacher, Don is a socially sanctioned confidence man hiding his broken interior with a suit. He doesn’t exist on a good-bad continuum. He’s simply a man who wears many masks. […]Mad Men is one of the all-time great shows about self-destructive behavior and the toxic cycles someone falls into when they believe they don’t deserve anything better. » (« Don Draper is no antihero », http://www.avclub.com, March 30, 2015). Don fait continuellement des choix, très souvent des mauvais, et une bonne partie de la série télé est construite autour de sa capacité à les assumer ou non. Par conséquent, le mouvement qu’évoque Ostrander n’a pas à se traduire en des actions surhumaines.

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Réparer ce qui n’est pas brisé?

Nous sommes tombés sur l’entrevue de Michael G. Wilson qui cherchait à expliquer comment le succès de la franchise James Bond. L’un des points qu’il amenait était que l’équipe avait cherché à réinventer le mythe avant qu’il ne soit trop éculé (Edaward Cross, « Skyfall exclusive: An Interview with Producer Michael G. Wilson », www.comicbookmovie.com, 13 février 2013). Du même souffle, Harvey Weinstein admettait qu’il avait commis des erreurs dans la promotion du film The Master, ce qui, selon lui, expliquait pourquoi celui-ci n’avait pas rejoint son public (Sean O’Connell, « Harvey Weinstein Admits He Mis-Marketed The Master », www.cinemablend.com, 29 janvier 2013).

Nous voyons dans ces deux affirmations une forme d’humilité qui permet, en admettant ses erreurs, de tirer des leçons pour de prochaines situations similaires.

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Centrer sur les personnages

Nous avons déjà beaucoup parlé de Mark Waid et de ses techniques de rédaction centrées sur les personnages plutôt que sur les grosses machinations complexes. Nous jugeons que ce phénomène s’inscrit dans l’air du temps. FamousMonster, dans son analyse de Skyfall, mentionnait : « The screenplay, written by John Logan, Neal Purvis, and Robert Wade, is a swaggering return to classic Bond, with an intense focus on characterization and action, as opposed to some of the more recent Bond films, which seem primarily concerned with car chases and stunt sequences. » (Movie Review: Skyfall, FamousMonster, http://www.geeksofdoom.com, 9 novembre 2012). Mendes confirmait, quelques mois auparavant, ce choix : « Yes, they do have a history […]. It’s much more personal story than your traditional “I’ve got a nuclear device and I’m going to blow up the world, Mr. Bond.” […] You Know, just making it bigger is not going to make it any more scary. » (« We’ve been expecting you Mr. Bond », Dan Jolin, Empire, n° 280, octobre 2012, p. 94-103.).

Sans peut-être le savoir, Joss Wheden va, possiblement, dans la même direction pour son Avenger 2. Il déclarait : « The Avengers 2 would go deeper instead of bigger. Honestly after a huge battle like the one we saw in the first film, it be nice to get a more personal story and take a step back from the big hefty action. Apparently he wants to go so deep and personal that it will be painful. » (« Joss Whedon Talks ‘Avengers 2′ Script, ‘S.H.I.E.L.D.’ TV Show & Marvel Films », eelyajekiM, www.geeksofdoom.com, 11 janvier 2013).

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Incohérences et récit

Nous avons déjà évoqué les incohérences que l’on peut laisser volontairement dans un scénario pour accentuer certains effets de mystère ou simplement de vraisemblance. Après tout, nous ne nous comportons pas toujours de façon logique. Il y a d’autres incohérences qui ne sont pas toujours volontaires. Darren, dans son analyse du personnage Goldfinger, du film du même nom, constatait : « Like a lot of Goldfinger’s actions over the course of the film, one wonders why he didn’t just ask Oddjob to remove the gold from the car before he crushed it. After all, Solo was dead and unlikely to complain. Perhaps, like the rest of Goldfinger’s somewhat contradictory actions, it just allows the man to show off, feeding into his desire for attention and his demands for respect. Perhaps he just gets a giddy thrill at the idea that his gold blocks have mingled with a mushed-up gangster. » (A View to a Bond Baddie: Auric Goldfinger, Darren, them0vieblog.com, 4 octobre 2012).

On retrouve le même type d’analyse sur la page francophone de Wikipédia au sujet du film « Il était une fois dans l’Ouest » où on se questionne sur le sens de la blessure du personnage interprété par Charles Bronson. Une des hypothèses avancées serait que le scénario n’a pas été bien compris au moment du montage.

Dans la case reproduite ci-dessous, tirée de notre aventure « Un homme à abattre », on voit que Chad se relève, mais il fait dos à l’action alors qu’il aurait dû y faire face. Ici, bien qu’il y ait eu plusieurs étapes de production, cela nous a échappé.complement66

Les idées flottent dans l’air – Partie III

Nous commençons nos aventures en présentant le visage et les noms de nos protagonistes afin d’aider le lecteur à identifier les acteurs du récit, mais aussi parce qu’ils pourraient légèrement changer selon le dessinateur qui anime l’aventure. L’autre bénéfice de cette approche est d’éviter de prendre des cases pour présenter les personnages à nouveau, et ainsi privilégier les échanges plus directs entre eux. En lisant récemment un des volumes de la série Queen & Country de Greg Rucka (histoires développées par Rucka à la fin des années 2000), nous avons remarqué qu’un procédé similaire y était utilisé.

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Parlons maintenant du dernier James Bond, dans lequel l’arme de l’espion est inactive si les empreintes digitales ne correspondent pas à son propriétaire. Nous avons utilisé ce stratagème, et ce, bien avant d’avoir vu Skyfall dans notre récit Diviser pour régner où Grant a recours à un procédé similaire pour son arme.

Ce que nous essayons de mettre en évidence ici est que des idées peuvent être utilisées par plusieurs auteurs, sans forcément avoir été copiées. Ceci se fait par hasard, simplement parce qu’elles flottent dans l’air du temps et que deux auteurs peuvent les avoir captées à des moments différents sans en avoir conscience.complement64

Les idées flottent dans l’air – Partie I

Il est difficile aujourd’hui de créer quelque chose de fondamentalement original. Stanley Kubrick aurait déjà dit à Jack Nicholson : « Tu sais, d’une certaine façon, toutes les scènes ont déjà été faites au cinéma. Notre boulot sera simplement de les faire un peu mieux. » (Kubrick, Michel Ciment, Paris, Calmann-Lévy, 1999, p. 295). Alors que nous avons aisément accès à la connaissance accumulée depuis des siècles, il est difficile de prétendre que celle-ci n’existe pas.

Dans une entrevue qu’il accordait, Sam Mendes indiquait que le Dark Knight de Nolan avait été une révélation dans son approche du dernier James Bond : « The Dark Knight Skyfall:  New Bond Director Drew Inspiration From Nolan’s Batman. », Russ Burlingame, 19 octobre 2012). Mais, parallèlement, Darren démontre, dans son analyse, que le Batman de Nolan doit beaucoup à la franchise des James Bond : « What Bond Learned From Batman: The Dark Knight & Skyfall […] ». (Darren, them0vieblog.com, 26 octobre 2012). Il ajoute que ce jeu d’influence réciproque n’est pas à dédaigner si on en tire les bonnes leçons.

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Ne pas chercher à cacher ses références

Nous sommes continuellement bombardés de récits (télé, cinéma, journaux, livres, etc.). Inconsciemment ou même de façon parfaitement volontaire, nous empruntons des idées que nous avons vues ailleurs et les insérons dans notre récit. Ainsi, dans l’aventure, « L’épreuve », nous avons repris la scène du tunnel qui se réchauffe et de la grille électrifiée du film Doctor No. Peut-être que plusieurs avaient noté l’emprunt. Nous n’avons pas cherché à le camoufler; c’est pourquoi Jason y fait explicitement référence dans une de ses répliques.

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Le rôle du méchant

Nous avons déjà évoqué notre volonté d’offrir une personnalité complexe à nos personnages. Cela tient au fait, mille fois mentionné, que meilleur est le méchant, meilleure sera l’histoire. À notre avis, Naruto prend une nouvelle dimension avec la présence d’Oroshimaru. Son ambition, presque métaphysique, d’acquérir toutes les techniques de combat, nous sort du cliché habituel de la domination mondiale. Goldfinger (le film) demeure l’un des meilleurs de la série James Bond, car l’affrontement avec le héros n’est pas uniquement physique, mais aussi psychologique. Dans Syriana, Christopher Plummer, dans son rôle de Dean Whiting, ne fait que quelques apparitions dans ce film choral. Pourtant, chacune de ses présences magnétise les scènes où il se trouve. Il en va de même de David Strathairn dans le film Bourne Ultimatum, dont le rôle du codirecteur Noah Vosen irradie la force de conviction. Le « méchant » ne se lève pas le matin en se disant qu’il va manger des petits bébés aujourd’hui. Tout comme les bons, le « méchant » souhaite voir la réussite de ses entreprises, mais nous reviendrons sur le sujet.

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Donner dans les tons de gris

Francis Lacassin, dans sa préface à l’œuvre de Ian Flemming, reprochait principalement à l’auteur de James Bond le caractère manichéen de ses méchants où « à leur première apparition publique, la police devrait tirer à vue » parce qu’ils sont laids, ridicules ou font preuve d’un manque de goût flagrant. Ainsi, selon nous, certains des héros peuvent être laids comme certains méchants peuvent s’avérer beau. Il en va de même des personnalités – certains défauts (lâcheté) peuvent aussi être présent chez les héros. L’objectif n’est pas de jouer systématiquement avec les clichés, mais d’avoir des personnages qui peuvent offrir plus de ressorts dramatiques plutôt que des réactions trop souvent convenues.

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