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Rédaction

Que doit-on écrire : Ce que veut l’auteur ou ce que souhaite le lecteur?

Nous sommes tombés sur ce questionnement suite au film Man of Steele :

« Some might look at that scene and ask, « What else could Superman have done? » Others might offer alternative endings to the scene. It’s not a useful conversation. It’s the usual, « Who would win in a fight? » The answer is always that the outcome is determined by the writer, and the story bends to fit that outcome. Superman killed Zod not because there was no other choice, but because the people conceiving the story wanted Superman to kill Zod. (By a majority of two-to-one, according to recent reports.) » (Andrew Wheeler, «Choice And The Moral Universe Of ‘Man Of Steel’ [Opinion]», June 21, 2013, http://comicsalliance.com.)

Ici plusieurs réflexions se confrontent. D’un côté, certains auteurs souhaitent une forme d’intégrité quant à leurs œuvres, leurs personnages et le récit qu’ils portent en eux depuis, peut-être, plusieurs années. D’autres, plus pragmatiques, veulent être simplement lus et, en ce sens, il peut être tentant de recourir à des formules éprouvées afin de capter l’attention du public. Traditionnellement, nous devrions dire que le parti pris de l’intégrité devrait triompher sur les forces d’un certain simplisme. Cependant, nous sommes d’avis que ce n’est pas la recette éprouvée qui fait le succès, mais le bon dosage des ingrédients. Et c’est là que l’auteur peut réussir à se démarquer et à imprégner son travail, à offrir sa touche personnel.

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La subtilité a-t-elle sa place dans les comicbook? Partie I

Darren réalisait une critique d’un bouquin rétrospective X-men consacrée à l’aventure « Operation Zero Tolerance », voici un passage que nous retenons : « Operation Zero Tolerance is, in a word, blunt. With so many of the high-profile comics of the nineties, from both Marvel and DC, “subtlety” is an alien concept. This is an X-Men comic where racial intolerance and prejudice are expressed through nothing short of attempted genocide. On the one hand, it’s very clearly the mutant prejudice idea pushed to its logical extreme. On the other hand, the notion of the United States government even passively condoning an attempted genocide feels like it robs the franchise of the social relevance which had made it so compelling and intriguing. » Mais la subtilité est-elle nécessaire? Nous avons lu des passages de cette saga et le plus gros reproche que nous pouvions y faire était que certains événements s’enchaînaient à une telle rapidité et avec des liaisons un peu floues, mais pour le reste il ne s’agit pas d’une mauvaise BD. (Darren, «X-Men: Operation Zero Tolerance (Review/Retrospective)», July 29, 2013, http://them0vieblog.com)

Il y a quelques mois, Jozef Siroka réalisant une critique de Man of Steel allait dans une autre direction, il mentionnait : « Depuis les Batman de Christopher Nolan et les James Bond de Daniel Craig, la notion de ramener davantage sur terre des héros qui autrefois embrassaient aisément un caractère plus fantastique – à la fois témoins et acteurs d’un monde reconnaissable mais foncièrement fictif – a été largement validée par le public et la critique. En particulier la critique, qui faisait souvent le raccourci malheureux entre le réalisme des nouvelles versions et leur qualité artistique. L’agent 007 et le chevalier noir agissent comme des adultes et, ainsi, nous les adultes leur en sommes reconnaissants. [Il ajoute:] Le pari ici est donc d’intégrer organiquement la présence d’un personnage surnaturel dans le monde naturel. » (Jozef Siroka, «Man of Steel : contre le super-héros «réaliste»», 18 juin 2013, www.lapresse.ca)

Pour Siroka, il y a une perte de fantaisie qui se fait au détriment d’une perspective plus réaliste. On le voit donc que la dimension ludique de la bd peut être occultée par une approche trop cérébrale.

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Se laisser inspirer par nos personnages

Nous avons été, après coup, déçus du dénouement de l’aventure Virus (Partie III). Nous n’aimions effectivement pas que le décès de Marion semble laisser ses collègues complètement indifférents. Nous avons vu dans l’aventure « Les Freaks » une occasion unique de corriger cette situation et surtout de donner une tournure plus dramatique à la dynamique entre les membres de l’équipe d’intervention.

Les aléas de la rédaction (Le kidnapping)

Pour cette aventure, nous ne savions pas vraiment comment nous allions la terminer. Woolf allait-il se suicider? Le jeune garçon allait-il tirer sur son kidnappeur? Les policiers allaient-ils donner l’assaut? Nous hésitions entre toutes ces options en sachant uniquement que le garçon devait s’en sortir et que cette aventure n’était qu’un préambule.

Les petits ajustements (Virus Partie III)

À la conclusion de l’aventure « Virus Partie III », Fabien, Benson et Jason sont à l’extérieur de l’hôtel et Fabien demande où est Marion. Dans le scénario original, il demandait où était Volcanne. Nous avons effectué ce petit changement, car nous trouvions que le trio avait quitté Marion trop rapidement, comme si le groupe avait eu peu de considération pour leur collègue. Cet ajustement permettait de corriger cette faille dans le scénario.

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La mise en scène de certains événements

Dans l’aventure « Plier bagage », il y a une scène où Blascovitch surprend Gypsie en train de se dévêtir. Nous avions envisagé plusieurs mises en scène : Gypsie qui se rend dans la chambre de Blascovitch ou encore Blascovitch qui force la porte de Gypsie. Finalement, nous avons retenu celle, plus nuancée, où Gypsie force la main au destin.

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Choquer pour choquer? Non merci

Dans l’aventure « Le tête à tête », il y a cette image de la maîtresse de Cesar décapitée. L’objectif n’était pas ici de choquer le lecteur. Après tout, ce dernier peut trouver des images encore plus gore sur Internet. Cette image, outre son effet dramatique, démontrait la détermination de Votan et ce qu’il était capable de faire pour inspirer la terreur.  

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L’image comme outil scénaristique

Dans l’aventure « Le tête à tête », lorsque Cesar rencontre pour la première fois Votan, il est naturellement intimidé. Cependant, à mesure qu’il prend conscience des intentions de celui-ci, il reprend confiance en lui. Nous souhaitions que ce déplacement dans le rapport de force apparaisse dans les images. Pour cela, nous avons décidé de montrer la posture de Cesar sur le divan.

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Jusqu’où faut-il s’autocensurer?

Graeme MacMillan soulevait une question assez troublante : « I wonder what comics we’ve missed out on because creators self-censored or were too afraid to push ideas that they initially wanted to do, but felt would never get published…? » (“The Biggest Blockade to the Creation of the Content is Creators Not Choosing to Create the Content”, Newsarama, 21 mai 2013.) Nous avons déjà évoqué les changements de scénarios que nous avons dû réaliser parce que nous trouvions que nos idées initiales n’étaient pas suffisamment fortes ou au contraire trop fortes et qu’elles implosaient les récits que nous souhaitions développer. Pouvons-nous parler de censure ou de simple lucidité? Naturellement, les choix que nous faisons donnent une direction à nos aventures.

Les spoilers sont-ils vraiment dommageables?

Graeme McMillan posait une question simple concernant les réels dommages que peuvent causer les spoilers. Il affirme : « How important are spoilers, anyway? I wonder that, sometimes. There are plenty of stories that rely on a shock last minute reveal for a certain amount of drama and tension, of course, but that is rarely the only value of a story; there has to be something more to it, surely, otherwise the story can only be read once, because any re-reads would be pointless in light of you knowing the big secret. While knowing a spoiler ahead of time can rob the story of one kind of appeal, shouldn’t good stories have more to offer, and therefore have a different-yet-equal appeal even if you know the ending ahead of time…? » (« How Bad Are Spoilers, Anyway? », Newsarama, 13 mai 2013).  Ainsi, les spoilers sont véritablement dommageables si l’aventure n’a aucune consistance ou de véritable profondeur qui inciterait le lecteur à y revenir.