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James Ellroy

Comment écrire?

Ellroy, que nous admirons, est aussi fort en gueule, ce qui est une occasion d’avoir des perles, comme celle-ci : « It’s disingenuous when writers say that they have no control over their characters, that they have a life of their own. Here’s what happens: you create the characters rigorously, and make clear choices about their behavior. You reach junctures in your stories and are confronted with dramatic options.  You choose one or the other. » (Nathaniel Rich. « Interviews: James Ellroy», The Art of Fiction No. 201).

Tout le monde n’a naturellement pas la même technique. Christopher McQuarrie expose la sienne: « We always start with an ending, so we always know where the story is going; knowing. However, never to stay married to it. I’ve stayed married to endings before and it’s been disastrous. You’ve got to let the story take its own course. » (« Christopher McQuarrie Gets Verbal on the Usual Suspects », cinetropolis.net, April 13, 2014).

À cet effet, nous reprenons un passage de l’entrevue accordée par Sam Esmail concernant l’élaboration du scenario de la seconde saison de Mr Robot :

« Interviewer: Can we talk about Angela a little bit? Her scenes were probably my favorite this season — you have that emotional karaoke scene, but you also have that episode where she’s doing the hack that set my heart racing. Had you always envisioned this type of role for her?

Sam Esmail: No, no. This is the great thing about TV is that when you discover certain strengths in an actor you can then begin to exploit them in really fun ways. I was shooting the season finale last year, the shoe store scene, and she says that line about the Prada. I’m watching this scene in the edit bay, and I don’t know, is she enjoying this or is she embarrassed, is she shameful about how she treated this poor guy or is she actually getting off on it? I actually thought, Portia has this weird, uncanny ability to be right there in the middle. She was the one that spoke to me and guided what the journey of her character was gonna be this season. » (Jen Chaney , Gazelle Emami and Matt Zoller Seitz. « Mr. Robot Creator Sam Esmail on How He Handles Criticism of the Show », www.vulture.com, September 28, 2016).

On pourrait bien sûr rétorquer qu’un comédien possède une palette de possibilités qui ne sont pas connues du scénariste lors de la phase de rédaction. Ce qui est en effet le cas. Cependant, lors du processus de création nous faisons de petits choix qui n’étaient pas prévus 10 pages plus tôt ou 10 aventure plus tôt. Ce sont ces petites altérations qui ouvrent un champ de possibilités nouvelles pour l’auteur, c’est là que réside la flexibilité qui peut sembler guider l’auteur.

Les héros peuvent-ils trouver le bonheur?

Heidi MacDonald (« Why Andreyko’s Batwoman run starts with issue # 25 », September 09, 2013, www.thebeat.com) questionnait l’annulation du mariage de Batwoman par l’équipe éditioriale de DC : « Meanwhile, it seems that marriage itself has been banned from the DCU, given DiDio’s “heroes can’t be happy” dictate. »

Nous pouvons comprendre le point de vue. Nous avons souvent évoqués notre admiration des romans noirs de James Ellroy et ceux-ci finissent rarement très bien. On dit que les gens heureux sont sans histoires? Peut-être est-il nécessaire que le drame soit tapis dans l’ombre du héros pour créer un effet scénaristique? Nous revenons à ce que nous avons souvent énoncés, l’auteur doit doser ses effet, il ne faut pas tomber dans le syndrome de la Petite Sirène (pas la version de Disney, naturellement).

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Réflexion sur les vilains

Chris Sims dans l’un de ses commentaires (« Arcade and Why Success Doesn’t Make Vilain Credible », www.comicsalliance.com, 22 juin 2012) considère que le vilain est là pour faire obstacle au héros et, comme le héros doit triompher, les meilleurs vilains sont ceux qui déploient les obstacles les plus intéressants. Sara Lima offre un point des plus nuancé : elle considère que ce sont plutôt les interactions entre le héros et le vilain qui sont à prendre en considération (« What Makes a Good Comic Book Rivaltry? », www.comicvine.com, 5 avril 2012). Dans son commentaire, elle utilise le mot « Rivaltry (rivalité) ». Nous pensons, effectivement, que ce terme est plus approprié, car il ne prédétermine pas quelle partie doit triompher. Dans ce jeu de rivalité, certains personnages peuvent être amoraux. James Ellroy disait : « Le mal, ce sont les êtres sans conscience. Ceux qui sont incapables d’éprouver de la sympathie ou de l’empathie pour les autres êtres humains. » (« Le temps des moutons », extrait de Petite mécanique de James Ellroy, les éditions de L’œil d’or).

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Écriture et opinion politique (Partie II)

Voici les propos d’un analyste suite aux déclarations de Frank Miller qui indiquait : « I always separate the artist from the art; if I distanced myself from one of my heroes just because they said something I don’t agree with, I would barely have any heroes at all. It just bothers me to see Miller thumbing his nose rather abrasively at the Occupy Wall Street protesters instead of offering up any constructive criticism or intelligent insights. » (« Frank Miller Rages Against The Occupy Wall Street Movement », www.geeksofdoom.com, 17 novembre 2011).

Comme pour clore la discussion que nous avions amorcée précédemment, nous laissons James Ellroy formuler ce commentaire : « Les Américains se contrefoutent de l’opinion politique de leurs écrivains » (« Le temps des moutons », extrait de Petite mécanique de James Ellroy, les éditions de L’œil d’or). Une attitude qui devrait être partagée par davantage de gens quelle que soit leur nationalité.

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Toujours revenir à James Ellroy

En feuilletant un magazine, nous sommes tombés sur une citation de James Ellroy en introduction au premier volet de sa trilogie américaine American tabloïd : « L’heure est venue d’ouvrir grand les bras à des hommes mauvais et au prix qu’ils ont payé pour définir leur époque en secret. » La phrase démontre le talent d’Ellroy. Nous devons admettre qu’elle cadre bien avec l’esprit de nos récits et elle  vient clore la discussion sur notre obsession des méchants.

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Précisions sur les lieux et le temps

Fréquemment au début d’une scène, nous précisons le lieu, la journée et l’heure. Ce n’est que plusieurs mois après avoir rédigé plusieurs scénarios que nous nous sommes aperçus, en relisant les deux premiers tomes de la trilogie américaine de James Ellroy, qu’il démarrait chacun de ses chapitres en précisant la ville et la journée de l’action. Nous ne doutons pas que sans nous en rendre compte nous avons intériorisé ce procédé.

Par ailleurs, toujours au sujet de James Ellroy, nous apprécions comment il intègre ses petits complots au grand schéma de l’Histoire (avec un grand H). Nous en tirons une leçon pour nos propres scénarios. Ainsi, bien que l’action se déroule dans un contexte très contemporain, nos héros ne vont pas influencer le cours de l’Histoire, en fait il risque davantage de la subir.

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