Suppléments
-
Respecter ses personnages
Voici ce que Sara Lima déclarait au sujet de PowerGirl : « There’s nothing wrong with Power Girl’s old costume. I really felt it was okay for PG to show cleavage with the hole in her suit if it meant that in her comic she would be treated with a certain level of dignity; which is what we had in Jimmy Palmiotti and Justin Gray’s self-titled POWER GIRL series. I would argue that Power Girl is more « cheesecake » now than ever before, and it’s getting ridiculous. The fact that her suit is torn to shreds in every issue seems to be some kind of running joke — and it’s getting really tired. It feels like the writer doesn’t have respect for the character. What other purpose does her character serve aside from being there to get naked? It feels tawdry. For whatever reason, rather than giving PG her old costume back, someone feels it’s more interesting to tear up her new one. » (« What’s Wrong With The Huntress And Power Girl In The ‘New 52’? », Sara Lima, 18 octobre 2012, www.comicvine.com).
Ce que nous aimons dans cette tirade, c’est l’utilisation du mot dignité. Il faut, en effet, consentir une forme de respect à nos personnages. Non pas juste pour éviter les running gags à leur endroit, mais également pour respecter leurs actes, surtout les plus répréhensibles. Ceci ne signifie pas que l’auteur les approuve, mais simplement qu’il ne peut pas les éviter s’ils sont cohérents avec la nature du personnage qui a été créé.
-
Les conseils pour la rédaction – Partie II
Tout le monde donne des conseils pour la rédaction des récits. Miranda Parker fait, à notre avis, une recommandation judicieuse : « At the same time, don’t give yourself away. If you don’t know, don’t go there. My rule of thumb is, if I don’t know something without looking it up, I’m usually better off working around it. When you drop in undigested research morsels, the reader can feel it in his teeth. » (« Don’t Write What You Know. Write Like You Know », Miranda Parker, J. Mark Bertrand, thethrillbegins.blogspot.ca, 20 septembre 2012).
Pendant des mois, nous avons cherché une maladie pour Cordo, quelque chose d’incurable, qui dégénèrerait relativement rapidement, mais dont on pourrait ralentir la progression. Nous n’avons rien trouvé de concluant, nous avons donc préféré garder un flou sur cette maladie plutôt que de nous empêtrer dans des explications oiseuses. En bout de parcours, nous ne croyons pas que le récit en souffre.
-
Incohérences et récit
Nous avons déjà évoqué les incohérences que l’on peut laisser volontairement dans un scénario pour accentuer certains effets de mystère ou simplement de vraisemblance. Après tout, nous ne nous comportons pas toujours de façon logique. Il y a d’autres incohérences qui ne sont pas toujours volontaires. Darren, dans son analyse du personnage Goldfinger, du film du même nom, constatait : « Like a lot of Goldfinger’s actions over the course of the film, one wonders why he didn’t just ask Oddjob to remove the gold from the car before he crushed it. After all, Solo was dead and unlikely to complain. Perhaps, like the rest of Goldfinger’s somewhat contradictory actions, it just allows the man to show off, feeding into his desire for attention and his demands for respect. Perhaps he just gets a giddy thrill at the idea that his gold blocks have mingled with a mushed-up gangster. » (A View to a Bond Baddie: Auric Goldfinger, Darren, them0vieblog.com, 4 octobre 2012).
On retrouve le même type d’analyse sur la page francophone de Wikipédia au sujet du film « Il était une fois dans l’Ouest » où on se questionne sur le sens de la blessure du personnage interprété par Charles Bronson. Une des hypothèses avancées serait que le scénario n’a pas été bien compris au moment du montage.
Dans la case reproduite ci-dessous, tirée de notre aventure « Un homme à abattre », on voit que Chad se relève, mais il fait dos à l’action alors qu’il aurait dû y faire face. Ici, bien qu’il y ait eu plusieurs étapes de production, cela nous a échappé.
-
Compression et décompression
« We don’t often spend enough time on ramifications in mainstream comics, so here was a place to build a whole storyline around them. », commentait Ed Brubaker dans une entrevue qu’il accordait (« The Ed Brubaker ‘Captain America’ Exit Interview », David Brothers, comicsalliance.com, 1er Novembre 2012).
Cette affirmation nous a rappelé l’analyse de Renaud Pasquier (« “Homeland” met en scène le nouveau Jack Bauer de l’Amérique parano », Le Nouvel Observateur, 29 septembre 2012) concernant la première saison de la série Homeland : « Or, le récit ne va nullement s’engager, comme on pourrait s’y attendre, dans une enquête menée tambour battant, scandée par le tic-tac fatidique de l’horloge. Ce qui donne son rythme à la fiction, c’est un temps, non pas extérieur et mécanique, mais intime et organique. Le temps, irrégulier et non linéaire, du vécu; le temps des soupçons, des doutes et des hésitations; le temps des émotions, des réflexions et des souvenirs; mais aussi le temps des délires. »
Dans une entrevue avec Mark Waid, Tom Spurgeon utilisait l’expression « décompression » pour parler du style d’écriture de cet auteur (Interview # 22 – Mark Waid, www.comicsreporter.ccom, 10 janvier 2013). On aime l’image. Pour notre part, nous suggérerions plutôt une analogie avec un accordéon : il faut laisser de l’air entrer dans l’instrument (décompression) pour produire des sons (compressions). Si nos aventures ne sont que dans le mode action (compression), elles ne respirent plus, on n’a plus le temps de comprendre nos personnages, leurs doutes, leurs motivations, leurs évolutions. Compression/décompression, c’est notre recette.
-
Mark Waid
Mark Waid est un auteur que nous n’avons connu que tout récemment par l’entremise de son travail sur Daredevil et qui nous a beaucoup impressionnés. Ses récits semblent pratiquement « anticlamax ». Par exemple, dans le septième numéro, Daredevil doit affronter une tempête de neige; et son numéro 12 est centré sur l’époque des études de droit de Matt et Foggy et d’une confrontation avec un de leur professeur. Les scènes de combat sont relativement courtes, elles occupent rarement tout un numéro.
Curieusement, sans être particulièrement spectaculaire à première vue, l’écriture de Mark Waid est stimulante, nous relisons fréquemment ces numéros. Aussi, dernièrement, nous apprenions que Mark Waid se double d’un penseur sur l’impact d’Internet dans la production des bandes dessinées.Mark Waid is an author we only got to know recently through his work on Daredevil, which really impressed us. His stories seem almost « anticlimactic. » For example, in the seventh issue, Daredevil faces a snowstorm. And issue 12 is focused on the time when Matt and Foggy were studying law and had a confrontation with their teacher. The fight scenes are relatively short and rarely occupy a whole issue. Curiously, without seeming spectacular at first glance, Mark Waid’s writing is stimulating and these issues are some we often reread. We also recently learned that Mark Waid doubles as a thinker on the impact of the Internet on comic production.
