Suppléments
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Le faire soi-même, c’est bien, mais il faut comprendre ce que cela implique
La philosophie do it yourself (DIY) ou fais-le toi-même peut être attrayante, nous devenons notre propre patron, nous n’avons pas de compte à rendre sur la ligne éditoriale de notre bande-dessinée. Cette approche permet d’économiser des intermédiaires, comme des relationnistes (« …That’s the Spice of Life, Bud : The Todd McFarlane Interview, The Comics Journal, n° 152, August 1992). Dis ainsi, cela peut sonner comme un choix, mais en même temps, il faut être honnête et reconnaître que nous devons adopter cette approche car les réseaux traditionnels ne retiennent pas nos projets.
Dans tous les cas, que nous adoptions volontairement ou non la philosophie DIY, il faut en mesurer toutes les implications. Steve Morris rappelle les étapes de production d’une bande dessinée (scénario, conception, dessin, encrage, couleur, lettrage) (Interview : Stephen Mooney Goes Creator-Owned for ‘Half Past Danger’», April 2, 2013, http://comicsbeat.com). À ces étapes, nous ajoutons des rondes de recherche bibliographique, de validation, de correction et de traduction. Dans le contexte d’Internet où la régularité est le maître mot, le cycle de production devient très long. Il faut donc se transformer en gestionnaire de projet.
Outre ce chapeau, nous devons développer des habiletés pour faire la promotion, ce qui est un talent qui n’est pas à la portée de tous (Hannah Means-Shannon, « On the Scene : WonderCon 2013, Indie Marketing Tips from Comixologie, Dark Horse, IDW, Archia, Valiant», March 31, 2013, http://comicsbeat.com). Ainsi, même si on désire le faire seul, il devient évident que le tout devient un travail d’équipe.
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Les aléas de la rédaction (Les miracles peuvent attendre)
Nous avouons que nous ne savions pas trop quoi faire avec le fait que Markham s’injecte une mixture préparée par Andraski. Par la suite, Valasquez découvre par hasard la situation et Markham ne retrouve plus sa boîte et passe au laboratoire. Dans cette aventure, nous avons décidé de jouer le long terme et de nous laisser le plus de possibilités pour le dénouement de l’histoire.
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Internet, format et nature de l’action
Mark Waid introduit deux idées intéressantes, qui de notre point de vue, se confondent. La première, qui n’est pas vraiment nouvelle, « Remember: this is what media does. Radio up until the 1960s was two or three formats. Now it’s a million formats. Television? Same thing. Three channels becomes a hundred channels. Any medium eventually fragments out towards a wider base of people where each individual fragment does what it has to do to survive on its own. It doesn’t have to appeal to the wider base. In retrospect, it’s kind of amazing and surprising that something that’s been around for 75 years like print comics hasn’t sort of gone through that same dissolution. Instead it’s put all of its eggs into the one basket. » (“CR Holiday Interview # 22 – Mark Waid”, January 10, 2013, www.comicsreporter.com). Cette situation favorise donc l’atomisation des goûts, le consommateur peut trouver plus aisément un produit qui lui plaira. En contrepartie, il est possible que ce même marché soit plus petit, car il ne rejoindra pas un vaste marché. Arrive ici un autre enjeu, celui de la rentabilité de tels projets ou plus concrètement comment contrôler ses coûts.
Cependant, d’un point de rédaction, il devrait y avoir une bonne adéquation entre l’histoire et son format de diffusion. C’est ici que Waid apporte un second point de vue plus original lorsqu’il déclare : « “That’s what you have Marc Guggenheim for. That’s what you have comics writer Marc Guggenheim slash lawyer Marc Guggenheim for. He’s on speed dial. I take the same approach that Stan and Gerry Conway and a lot of other guys who’ve written Daredevil in the past have taken, that is that you want to try to be very, very faithful to the law, but not to the point where it stifles your story. And you kind of have to give it some leeway. Especially nowadays, nobody wants twelve pages of Matt Murdock in a courtroom, because comics don’t do that well, television does it better and for free.» (Christine, “Mark Waid talks Daredevil at Baltimore Comic Con”, September 7, 2013, www.theothermurdockpapers.com). Il y aurait donc des formats plus adaptés, plus naturels, pour explorer certaines thématiques ou disons certaines mises en scène. Voilà des propos à méditer.
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D’où vient ce personnage? L’exemple de Eva
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Les héros peuvent-ils trouver le bonheur?
Heidi MacDonald (« Why Andreyko’s Batwoman run starts with issue # 25 », September 09, 2013, www.thebeat.com) questionnait l’annulation du mariage de Batwoman par l’équipe éditioriale de DC : « Meanwhile, it seems that marriage itself has been banned from the DCU, given DiDio’s “heroes can’t be happy” dictate. »
Nous pouvons comprendre le point de vue. Nous avons souvent évoqués notre admiration des romans noirs de James Ellroy et ceux-ci finissent rarement très bien. On dit que les gens heureux sont sans histoires? Peut-être est-il nécessaire que le drame soit tapis dans l’ombre du héros pour créer un effet scénaristique? Nous revenons à ce que nous avons souvent énoncés, l’auteur doit doser ses effet, il ne faut pas tomber dans le syndrome de la Petite Sirène (pas la version de Disney, naturellement).
