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Javier Grill–Marxauch

Avoir un plan et se laisser de la latitude

Dans son long essai, Javier Grill–Marxauch revient sur son expérience d’auteur sur la série Lost (« THE LOST WILL AND TESTAMENT OF JAVIER GRILLO-MARXUACH», http://okbjgm.weebly.com/lost, 24 march, 2015). Ce document est rempli de phrases fascinantes sur les aléas du processus créatif. Nous vous en offrons quelques-unes :

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« […] we were paving the way for the good ideas by coming up with a lot of bad ones. Very bad ones. »

« […] inspiration is always augmented through improvisation, collaboration, serendipity, and plain, old, unglamorous Hard Work. »

« […] in television there is only one way of doing that: have great characters who are interesting to watch as they solve problems onscreen. »

« What I just described was only one of a continuum of very interesting, ongoing, moments in which improvisation — coupled with a strong conceptual foundation of previously generated ideas — provided crucial watershed events for the series. »

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Ce très long texte contient beaucoup d’autres réflexions et nous ne pouvons pas transposer toutes les citations à notre présente expérience sur notre bande dessinée, ne serait-ce que parce que la dimension collaborative est beaucoup moins présente. Ainsi, nous devons discriminer nous-mêmes les bonnes et les mauvaises idées.

Cependant, l’idée d’un plan sur le long terme couplé à de l’improvisation sur le court terme est présente pratiquement dans toutes nos aventures. Nous offrons quelques exemples.

Blascovitch devait mourir beaucoup plus tard dans la série, mais nous avons trouvé que le moment était maintenant opportun. Ses contributions les plus appréciables avaient été réalisées et son décès ouvrait la porte à un changement de dynamique dans les relations entre Valasques, Markham et Wood.

Dans l’épisode « Le Grand Jeu – partie II », Valasquez devait laisser filer Gypsie après l’avoir torturé. Nous avons préféré retenir l’évasion qui démontrait la force de caractère de celle-ci.

Votan ou à tout le moins Travis était lui aussi destiné à mourir beaucoup tard dans la série et encore là, les contours de sa destruction étaient flous. En devançant sa disparition, mais surtout par l’entremise de Cesar sous l’impulsion de son épouse, nous ouvrions alors la porte à de nouvelles interrelations dont nous pouvions entrevoir le potentiel sans en saisir toutes les ramifications.

Dépasser une vision manichéenne de notre narration : l’expérience de Lost

Le chroniqueur Davin Faraci analysait le propos de Javier Grill–Marxauch sur sa contribution comme auteur à la série Lost et il conclut son propos par cette phrase : « unfortunately the way the show dealt with these topics – like the manichean battle between good and evil – simply weren’t up to the level of what was happening in seasons one through three. » (“Walt Was Psychic: An Amazing Look At The True Development of LOST”, http://birthmoviesdeath.com, march 24, 2015). Cette conclusion est en partie vraie, mais à notre avis, la plus grande lacune de cette série a été le développement psychologique du Man in Black. Un épisode est construit en flashback afin de comprendre ses motivations et sa relation avec son frère Jacob et sa mère. On y voit un homme désireux de quitter son île et il voit ses rêves littéralement anéantis par sa mère, ce qui l’amène à tuer cette dernière et son frère à le détruire. Mais d’un être assoiffé de liberté, il est simplement devenu une bête de destruction habitée par une seule motivation alors que ses origines démontraient beaucoup plus de nuances. Par ailleurs, son frère, Jacob n’était pas ce personnage rempli de compassion. Bref, d’une relation beaucoup plus nuancée pour ses deux êtres, la série a adopté un schéma classique centré sur un conflit manichéen où le spectateur ne peut accorder aucune compassion le au vilain petit canard. Il y a eu ici une occasion manquée de conclure avec plus de richesse une série télé qui avait pris autant de risques.

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